Enseignement supérieur au Maroc : entre scandales de diplômes et défi de l’intégrité scientifique
Le récent scandale des diplômes monnayés à l’Université Ibn Zohr d’Agadir n’est pas un simple fait divers, mais le symptôme d’une crise systémique qui mine la crédibilité de l’enseignement supérieur marocain et, plus largement, la confiance envers les institutions publiques. L’arrestation d’un enseignant de droit, soupçonné d’avoir délivré des diplômes contre rémunération, a mis en lumière l’existence d’un réseau structuré de fraude académique, révélant de graves lacunes dans les mécanismes de contrôle et d’évaluation.
Ce phénomène, même s'il était isolé, a un impact profond sur la qualité et la réputation des diplômes marocains. Il porte atteinte à la qualité de la formation universitaire, remet en cause l’intégrité des procédures d’évaluation, fragilise l’autorité pédagogique des enseignants et discrédite les diplômes marocains, tant sur le plan national qu’international. Les conséquences sont multiples allant de la perte de confiance des employeurs dans la valeur des diplômes, à la diminution de la mobilité internationale des étudiants marocains et bien sur à l'affaiblissement de la réputation des universités marocaines dans les classements mondiaux.
En contrepartie, les réactions ont été virulentes face à la gravité de l’affaire. L’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) est intervenue, lançant une action civile pour défendre l’intérêt public malgré l’ouverture d’une enquête judiciaire. Le scandale a également été évoqué au Parlement, soulignant l’ampleur de la crise et l’exigence d’une réponse forte pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions académiques et judiciaires.
Ce scandale confirme ce qui se disait déjà dans les milieux étudiants à propos des inscriptions et diplômes obtenus contre argent, voire en échange de faveurs sexuelles.
La situation est aujourd’hui aggravée par un problème structurel récemment révélé en matière de recherche scientifique. Ce scandale n’est ni isolé ni inédit. Il s’inscrit dans un contexte plus large de crise de l’intégrité scientifique, comme l’a révélé l’Indice d’intégrité de la recherche scientifique 2025. Cet indice, axé sur la qualité et l’éthique des publications, a tiré la sonnette d’alarme pour dix universités marocaines, épinglées pour des publications entachées d’erreurs méthodologiques ou de plagiat, et retirées des bases de données internationales.
Le classement de l’intégrité scientifique 2025 dresse un état des lieux alarmant :
- **Ibn Tofail de Kénitra** est en liste rouge : sur 2 154 publications, 165 ont été retirées.
- **Ibn Zohr d’Agadir** figure en liste orange : sur 1 912 publications, 96 ont été retirées.
- **Hassan II de Casablanca** est également en liste orange avec 202 publications retirées sur 3 668.
- **Mohammed V de Rabat** est aussi en liste orange avec 253 articles retirés sur 4 544.
- **Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès** figure aussi dans cette liste orange avec 191 titres retirés.
- Les universités **Abdelmalek Essaadi, Sultan Moulay Slimane, Moulay Ismail, Mohammed VI Polytechnique** et **Cadi Ayyad** sont placées en liste jaune, c’est-à-dire sous surveillance.
Ce classement met en évidence un risque élevé ou très élevé de non-respect des normes d’intégrité académique dans plusieurs établissements publics marocains, ce qui nuit à la réputation du pays dans la région MENA. Le Maroc se classant troisième en termes de nombre d’universités concernées, derrière l’Arabie saoudite et l’Égypte.
*Il faut souligner que ce ne sont pas les murs de ces institutions qui sont mis à l’index ou causent un tort aussi scandaleux, mais bien des humains et pas n’importe lesquels. Il s'agit de ceux supposés former les élites nationales, faire avancer le pays et assurer son avenir. Disons vite: pas tous, car dans nos universités il y aussi de très grands enseignants et chercheurs, compétentes et intègres qui sont les premiers à souffrir de cette situation.*
Cela signifie que même à ce niveau où la probité doit être déterminante, où seule la compétence doit primer, des pratiques inadmissibles existent probablement dans les recrutements des chercheurs, dans le contrôle de leur travail par leurs pairs, ou encore par les institutions qui les emploient.
**Cette crise, qui écorne l’image du pays, exige des mesures structurelles et urgentes. Sans aller jusqu’à réclamer des sanctions immédiates, rétrogradations ou licenciements des enseignants impliqués, il est impératif de renforcer en priorité les contrôles internes, de garantir l’autonomie des cellules d’intégrité scientifique dans chaque université et de former les enseignants-chercheurs et les étudiants à l’éthique de la recherche et à la détection des fraudes, en leur rappelant qu’ils sont surveillés à l’international et que le plagiat ou la manipulation de résultats ne peuvent échapper à la vigilance des autorités compétentes.**
Enfin il est impératif et urgent de mettre en place un observatoire national indépendant pour assurer un suivi transparent et pérenne des pratiques académiques.
Nos universitaires doivent intégrer que la valorisation de l’intégrité dans les classements et la reconnaissance des universités est une nécessité absolue. Pour cela, ils ont le devoir de privilégier la qualité sur la quantité des publications.
La multiplication des scandales en milieu universitaire n’est que la partie visible d’un malaise plus profond dans la gestion, les cursus et le fondement même de l’enseignement universitaire au Maroc. C’est ce qui engendre tant de dysfonctionnements qu’il faut attaquer de façon frontale et sans concession.
Relever le défi de l’intégrité académique est aujourd’hui une condition sine qua non pour garantir la crédibilité, l’attractivité et la compétitivité de l’université marocaine à l’échelle mondiale, avec tout ce que cela peut avoir comme impact sur le devenir du pays.
C’est là la véritable mission de Si Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, qui connaît bien les arcanes de l’université marocaine pour y avoir exercé à tous les niveaux.
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Le récent scandale des diplômes monnayés à l’Université Ibn Zohr d’Agadir n’est pas un simple fait divers, mais le symptôme d’une crise systémique qui mine la crédibilité de l’enseignement supérieur marocain et, plus largement, la confiance envers les institutions publiques. L’arrestation d’un enseignant de droit, soupçonné d’avoir délivré des diplômes contre rémunération, a mis en lumière l’existence d’un réseau structuré de fraude académique, révélant de graves lacunes dans les mécanismes de contrôle et d’évaluation.
Ce phénomène, même s'il était isolé, a un impact profond sur la qualité et la réputation des diplômes marocains. Il porte atteinte à la qualité de la formation universitaire, remet en cause l’intégrité des procédures d’évaluation, fragilise l’autorité pédagogique des enseignants et discrédite les diplômes marocains, tant sur le plan national qu’international. Les conséquences sont multiples allant de la perte de confiance des employeurs dans la valeur des diplômes, à la diminution de la mobilité internationale des étudiants marocains et bien sur à l'affaiblissement de la réputation des universités marocaines dans les classements mondiaux.
En contrepartie, les réactions ont été virulentes face à la gravité de l’affaire. L’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) est intervenue, lançant une action civile pour défendre l’intérêt public malgré l’ouverture d’une enquête judiciaire. Le scandale a également été évoqué au Parlement, soulignant l’ampleur de la crise et l’exigence d’une réponse forte pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions académiques et judiciaires.
Ce scandale confirme ce qui se disait déjà dans les milieux étudiants à propos des inscriptions et diplômes obtenus contre argent, voire en échange de faveurs sexuelles.
La situation est aujourd’hui aggravée par un problème structurel récemment révélé en matière de recherche scientifique. Ce scandale n’est ni isolé ni inédit. Il s’inscrit dans un contexte plus large de crise de l’intégrité scientifique, comme l’a révélé l’Indice d’intégrité de la recherche scientifique 2025. Cet indice, axé sur la qualité et l’éthique des publications, a tiré la sonnette d’alarme pour dix universités marocaines, épinglées pour des publications entachées d’erreurs méthodologiques ou de plagiat, et retirées des bases de données internationales.
Le classement de l’intégrité scientifique 2025 dresse un état des lieux alarmant :
- **Ibn Tofail de Kénitra** est en liste rouge : sur 2 154 publications, 165 ont été retirées.
- **Ibn Zohr d’Agadir** figure en liste orange : sur 1 912 publications, 96 ont été retirées.
- **Hassan II de Casablanca** est également en liste orange avec 202 publications retirées sur 3 668.
- **Mohammed V de Rabat** est aussi en liste orange avec 253 articles retirés sur 4 544.
- **Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès** figure aussi dans cette liste orange avec 191 titres retirés.
- Les universités **Abdelmalek Essaadi, Sultan Moulay Slimane, Moulay Ismail, Mohammed VI Polytechnique** et **Cadi Ayyad** sont placées en liste jaune, c’est-à-dire sous surveillance.
Ce classement met en évidence un risque élevé ou très élevé de non-respect des normes d’intégrité académique dans plusieurs établissements publics marocains, ce qui nuit à la réputation du pays dans la région MENA. Le Maroc se classant troisième en termes de nombre d’universités concernées, derrière l’Arabie saoudite et l’Égypte.
*Il faut souligner que ce ne sont pas les murs de ces institutions qui sont mis à l’index ou causent un tort aussi scandaleux, mais bien des humains et pas n’importe lesquels. Il s'agit de ceux supposés former les élites nationales, faire avancer le pays et assurer son avenir.*
Cela signifie que même à ce niveau où la probité doit être déterminante, où seule la compétence doit primer, des pratiques inadmissibles existent probablement dans les recrutements des chercheurs, dans le contrôle de leur travail par leurs pairs, ou encore par les institutions qui les emploient.
**Cette crise, qui écorne l’image du pays, exige des mesures structurelles et urgentes. Sans aller jusqu’à réclamer des sanctions immédiates, rétrogradations ou licenciements des enseignants impliqués, il est impératif de renforcer en priorité les contrôles internes, de garantir l’autonomie des cellules d’intégrité scientifique dans chaque université et de former les enseignants-chercheurs et les étudiants à l’éthique de la recherche et à la détection des fraudes, en leur rappelant qu’ils sont surveillés à l’international et que le plagiat ou la manipulation de résultats ne peuvent échapper à la vigilance des autorités compétentes.**
Enfin il est impératif et urgent de mettre en place un observatoire national indépendant pour assurer un suivi transparent et pérenne des pratiques académiques.
Nos universitaires doivent intégrer que la valorisation de l’intégrité dans les classements et la reconnaissance des universités est une nécessité absolue. Pour cela, ils ont le devoir de privilégier la qualité sur la quantité des publications.
La multiplication des scandales en milieu universitaire n’est que la partie visible d’un malaise plus profond dans la gestion, les cursus et le fondement même de l’enseignement universitaire au Maroc. C’est ce qui engendre tant de dysfonctionnements qu’il faut attaquer de façon frontale et sans concession.
Relever le défi de l’intégrité académique est aujourd’hui une condition sine qua non pour garantir la crédibilité, l’attractivité et la compétitivité de l’université marocaine à l’échelle mondiale, avec tout ce que cela peut avoir comme impact sur le devenir du pays.
C’est là la véritable mission de Si Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, qui connaît bien les arcanes de l’université marocaine pour y avoir exercé à tous les niveaux.
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Le récent scandale des diplômes monnayés à l’Université Ibn Zohr d’Agadir n’est pas un simple fait divers, mais le symptôme d’une crise systémique qui mine la crédibilité de l’enseignement supérieur marocain et, plus largement, la confiance envers les institutions publiques. L’arrestation d’un enseignant de droit, soupçonné d’avoir délivré des diplômes contre rémunération, a mis en lumière l’existence d’un réseau structuré de fraude académique, révélant de graves lacunes dans les mécanismes de contrôle et d’évaluation.
Ce phénomène, même s'il était isolé, a un impact profond sur la qualité et la réputation des diplômes marocains. Il porte atteinte à la qualité de la formation universitaire, remet en cause l’intégrité des procédures d’évaluation, fragilise l’autorité pédagogique des enseignants et discrédite les diplômes marocains, tant sur le plan national qu’international. Les conséquences sont multiples allant de la perte de confiance des employeurs dans la valeur des diplômes, à la diminution de la mobilité internationale des étudiants marocains et bien sur à l'affaiblissement de la réputation des universités marocaines dans les classements mondiaux.
En contrepartie, les réactions ont été virulentes face à la gravité de l’affaire. L’Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption (INPPLC) est intervenue, lançant une action civile pour défendre l’intérêt public malgré l’ouverture d’une enquête judiciaire. Le scandale a également été évoqué au Parlement, soulignant l’ampleur de la crise et l’exigence d’une réponse forte pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions académiques et judiciaires.
Ce scandale confirme ce qui se disait déjà dans les milieux étudiants à propos des inscriptions et diplômes obtenus contre argent, voire en échange de faveurs sexuelles.
La situation est aujourd’hui aggravée par un problème structurel récemment révélé en matière de recherche scientifique. Ce scandale n’est ni isolé ni inédit. Il s’inscrit dans un contexte plus large de crise de l’intégrité scientifique, comme l’a révélé l’Indice d’intégrité de la recherche scientifique 2025. Cet indice, axé sur la qualité et l’éthique des publications, a tiré la sonnette d’alarme pour dix universités marocaines, épinglées pour des publications entachées d’erreurs méthodologiques ou de plagiat, et retirées des bases de données internationales.
Le classement de l’intégrité scientifique 2025 dresse un état des lieux alarmant :
- **Ibn Tofail de Kénitra** est en liste rouge : sur 2 154 publications, 165 ont été retirées.
- **Ibn Zohr d’Agadir** figure en liste orange : sur 1 912 publications, 96 ont été retirées.
- **Hassan II de Casablanca** est également en liste orange avec 202 publications retirées sur 3 668.
- **Mohammed V de Rabat** est aussi en liste orange avec 253 articles retirés sur 4 544.
- **Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès** figure aussi dans cette liste orange avec 191 titres retirés.
- Les universités **Abdelmalek Essaadi, Sultan Moulay Slimane, Moulay Ismail, Mohammed VI Polytechnique** et **Cadi Ayyad** sont placées en liste jaune, c’est-à-dire sous surveillance.
Ce classement met en évidence un risque élevé ou très élevé de non-respect des normes d’intégrité académique dans plusieurs établissements publics marocains, ce qui nuit à la réputation du pays dans la région MENA. Le Maroc se classant troisième en termes de nombre d’universités concernées, derrière l’Arabie saoudite et l’Égypte.
Il faut souligner que ce ne sont pas les murs de ces institutions qui sont mis à l’index ou causent un tort aussi scandaleux, mais bien des humains et pas n’importe lesquels. Il s'agit de ceux supposés former les élites nationales, faire avancer le pays et assurer son avenir.
Cela signifie que même à ce niveau où la probité doit être déterminante, où seule la compétence doit primer, des pratiques inadmissibles existent probablement dans les recrutements des chercheurs, dans le contrôle de leur travail par leurs pairs, ou encore par les institutions qui les emploient.
Cette crise, qui écorne l’image du pays, exige des mesures structurelles et urgentes. Sans aller jusqu’à réclamer des sanctions immédiates, rétrogradations ou licenciements des enseignants impliqués, il est impératif de renforcer en priorité les contrôles internes, de garantir l’autonomie des cellules d’intégrité scientifique dans chaque université et de former les enseignants-chercheurs et les étudiants à l’éthique de la recherche et à la détection des fraudes, en leur rappelant qu’ils sont surveillés à l’international et que le plagiat ou la manipulation de résultats ne peuvent échapper à la vigilance des autorités compétentes.
Enfin il est impératif et urgent de mettre en place un observatoire national indépendant pour assurer un suivi transparent et pérenne des pratiques académiques.
Nos universitaires doivent intégrer que la valorisation de l’intégrité dans les classements et la reconnaissance des universités est une nécessité absolue. Pour cela, ils ont le devoir de privilégier la qualité sur la quantité des publications.
La multiplication des scandales en milieu universitaire n’est que la partie visible d’un malaise plus profond dans la gestion, les cursus et le fondement même de l’enseignement universitaire au Maroc. C’est ce qui engendre tant de dysfonctionnements qu’il faut attaquer de façon frontale et sans concession.
Relever le défi de l’intégrité académique est aujourd’hui une condition sine qua non pour garantir la crédibilité, l’attractivité et la compétitivité de l’université marocaine à l’échelle mondiale, avec tout ce que cela peut avoir comme impact sur le devenir du pays.
C’est là la véritable mission de Si Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, qui connaît bien les arcanes de l’université marocaine pour y avoir exercé à tous les niveaux.
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